Les ministres européens de l'Agriculture étudiaient lundi les moyens d'amortir l'impact du conflit ukrainien, via des aides financières et une réduction temporaire des jachères, pour renforcer la production de l'UE et éviter des pénuries alimentaires dans certaines régions du monde.
La Commission européenne doit présenter aux ministres des Vingt-Sept, réunis à Bruxelles, ses recettes pour aider les agriculteurs à absorber la flambée du coût des carburants, de l’alimentation animale et des engrais, tout en dopant la production européenne pour exporter davantage vers les pays en manque, a indiqué à son arrivée le ministre français Julien Denormandie.
Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie – deux pays exportateurs majeurs de céréales (notamment pour l’alimentation animale en Europe) et d’engrais -, Bruxelles travaille sur des aides spécifiques pour soutenir le stockage notamment dans la filière porcine, et sur des dérogations aux règles sur les jachères.
“C’est nécessaire pour compenser la perte des récoltes de l’Ukraine. La proposition de la Commission permettrait de remettre en culture 4 millions d’hectares dans l’UE”, de façon temporaire, a observé la ministre autrichienne Elisabeth Köstinger. Selon la nouvelle Politique agricole commune (PAC), qui entrera en vigueur en janvier 2023, les exploitations de plus de 10 hectares devaient laisser au moins 4% de leurs terres non cultivées et rendues à la nature.
Par ailleurs, l’exécutif européen propose de puiser dans la “réserve de crise”, un fonds de 450 millions d’euros destiné à aider les agriculteurs en cas d’instabilité des prix, et va présenter “un accord-cadre rendant également possibles des aides supplémentaires par les États”, a précisé M. Denormandie.
La Commission fera le point lundi sur son évaluation des plans stratégiques des États, qui déclinent la future PAC au niveau national, et qui pourraient, outre les jachères, prévoir des assouplissements temporaires sur les règles environnementales, alors que certains agriculteurs préparent déjà leurs assolements pour 2023.
Une partie des États exigent de remettre en question la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette”, qui vise, d’ici à 2030, à réduire de moitié l’usage de pesticides, de 20% celui d’engrais, et à consacrer un quart des terres au bio, ce qui se traduirait selon plusieurs études – critiquées par la Commission – par une chute importante des rendements en Europe.
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