Citant une source gouvernementale informée, le site électronique fait savoir que le Maroc a cessé d’exporter les pommes de terre, les oignons et les tomates via de El-Guerguerat, le plus grand point frontalier terrestre en termes d’activité commerciale vers l’Afrique de l’Ouest.
Cela vient, souligne Hespress, renforcer le contrôle sur ces types de légumes, qui connaissent une flambée de prix et peuvent passer par des circuits non officiels, ajoutant que « les exportations vers les destinations européennes sont contrôlées par l’État avec les producteurs et les exportateurs de fruits et légumes par le biais de processus d’octroi de licences pour les quantités autorisées ».
La même source a également expliqué que “l’Etat oblige aujourd’hui les exportateurs à privilégier le marché national, une mesure qui permettrait de rétablir la stabilité des prix avant le mois de Ramadan”.
Cette mesure immédiate a été prise la semaine dernière, dans le cadre des mesures gouvernementales qui concernent principalement la réduction de la hausse des denrées alimentaires de base.
Déjà, l’autorité des exportations de produits agricoles, Morocco Fodex, a interdit à compter du 9 février, aux négociants de fruits et légumes d’exporter les tomates, les oignons et les pommes de terre aux pays d’Afrique de l’Ouest, afin d’assurer la sécurité alimentaire dans le Royaume après que les prix des tomates aient augmenté à des niveaux alarmants.
En effet, l’annonce intervient dans un contexte marqué notamment par la flambée des prix de la tomate sur le marché intérieur notamment en raison de la baisse de l’offre locale liée aux vagues de froid qui touche la région de Souss-Massa, principal bassin de production du pays (90% de la récolte).
Dans le même sillage et pour faire face à la hausse des prix qui affecte le pouvoir d’achat des citoyens, le gouvernement avait également décidé la suspension des droits d’importation des bovins pour garantir un approvisionnement normal du marché local en viande bovine et ce, suite à la sécheresse qu’a connue le Royaume, la hausse des prix des aliments de bétail en raison de l’envolée des prix à l’échelle mondiale, en plus de l’augmentation des coûts de production des viandes rouges, ce qui a engendré une baisse de l’offre en animaux destinés à l’abattage.
Cette décision vise à surmonter l’obstacle consistant à fixer le poids des vaches à 550 kg, mettant l’accent sur les difficultés que trouvent les fournisseurs, en particulier au sein de certains marchés et pays qui sont loin de l’Union européenne (UE).
Commentant la décision de suspendre les exportations de certains légumes, l’analyste économique Mohamed Jedry estime que “la suspension des exportations de fruits et légumes vers l’Afrique contribuerait à stabiliser leurs prix, car les exportations vers l’Afrique concurrencent la demande locale”.
Dans une déclaration au journal électronique +Hespress+, l’économiste marocain a souligné que “seulement 18% des légumes et des fruits sont destinés à l’exportation, tandis que 78% sont affectés à la consommation intérieure, le reste (4%) étant destiné à l’industrie alimentaire”.
Selon lui, “les exportations vers l’Europe ne nuisent ni affectent le marché local car elles répondent à un certain nombre de critères, et contribuent à apporter des devises fortes au Royaume du Maroc”.
Et de faire observer que les exportations vers L’Europe ne posent aucun problème, car elles répondent aux critères requis, alors que les exportations vers l’Afrique concurrencent le marché local, notamment en ce qui concerne les tomates, les pommes de terre et autres légumes de base.
Pour rappel, le commerce du Maroc avec l’Afrique en 2022 a affiché une hausse de 45% pour atteindre un record de 65 milliards de DH, alors que le nombre de camions partant du Maroc vers les marchés africains a augmenté de 88% pour atteindre 45.000, selon les données officielles.
Les produits alimentaires agricoles représentaient 28% des volumes transportés.