Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé vendredi un financement de projet d’investissement d’un montant de 180 millions de dollars afin d’appuyer une agriculture résiliente et durable au Maroc, a annoncé le groupe vendredi soir. 

Ce financement est accordé trois jours seulement après la première visite officielle au Maroc du Président du Groupe de la Banque mondiale.

“Face à la pression accrue des changements climatiques et de la croissance démographique sur les ressources hydriques et foncières du pays, le prêt alloué au projet pour une gestion de l’eau résiliente et durable dans l’agriculture (RESWAG) entend renforcer la gouvernance des ressources hydriques dans le secteur agricole, améliorer la qualité des services d’irrigation et élargir l’accès des agriculteurs à des conseils techniques dans ce domaine”, précise la Banque mondiale dans un communiqué.

Pour la Banque mondiale, ce projet “constitue un programme innovant et inédit, en ce qu’il allie investissements structurels, avec la modernisation des services d’irrigation et de drainage, et investissements immatériels destinés à renforcer la gouvernance des ressources hydriques et à apporter des services de conseil agricole aux cultivateurs”.

Dans le détail, le projet financé s’articule autour de trois volets. Le premier entend améliorer le cadre de gouvernance de l’eau et garantir des prélèvements durables dans le secteur agricole. ” La première composante du projet RESWAG vise à compléter les investissements de longue date du Maroc dans la gouvernance de l’eau. Elle revêt trois axes stratégiques prioritaires en matière de conservation de l’eau : l’assouplissement du processus d’allocation des ressources hydriques, l’optimisation de la gestion des aquifères et une meilleure connaissance des effets des programmes d’amélioration de la productivité de l’eau, afin d’affiner et réajuster les politiques dans un souci de prise en compte des enjeux climatiques “, explique Rémi Trier, spécialiste senior de la gestion des ressources en eau et coresponsable du projet.

Le deuxième volet vise à fournir des services d’irrigation et de drainage climato-intelligents à travers le déploiement de techniques de conservation de l’eau sur de nouvelles surfaces. Cette approche favorisera la résilience aux sécheresses, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le stockage de carbone dans les sols. Elle implique de moderniser les équipements hydrauliques (réseaux d’irrigation, canaux…) et de donner aux gestionnaires publics chargés de l’irrigation les moyens d’optimiser les services d’irrigation et de drainage. Les bénéficiaires seront les petits exploitants agricoles des grands systèmes d’irrigation à gestion collective, l’objectif étant de toucher quelque 16 000 agriculteurs répartis sur plus de 50 000 hectares, à Souss-Massa et Tadla, deux des bassins versants les plus importants du pays pour l’agroéconomie.

Quant au troisième volet, il prévoit d’apporter à 23 500 agriculteurs des services de conseil visant à optimiser les investissements, à renforcer la résilience climatique et à intensifier la productivité de l’eau. ” Le projet prévoit d’appuyer l’agence nationale chargée des services de conseil agricole afin d’élargir l’accès des agriculteurs à des services de conseil adaptés aux enjeux climatiques. Il s’agit d’accroître la portée et la qualité de ces services dans les zones irriguées, notamment grâce à la formation de conseillers publics et l’embauche de consultants, qui faciliteront la transition des agriculteurs vers techniques d’irrigation modernes “précise Safaa Bahije, spécialiste des ressources en eau et coresponsable du projet. Le projet accordera également “une attention particulière aux femmes et aux jeunes agriculteurs, afin de soutenir pleinement la stratégie Génération Green portée par les autorités”.

Victime cette année d’une sécheresse historique, le Maroc vit sous la menace d’une pénurie d’eau. Les précipitations en baisse et la multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes comme les sécheresses et les canicules provoquent une réduction du débit des cours d’eau et une augmentation de l’évaporation. La campagne agricole est également menacée. Pour limiter l’impact sur les agriculteurs, le gouvernement, rappelons-le, a adopté un plan d’appui à ces acteurs.

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