L’Association tunisienne de défense des droits individuels a alerté, ce jeudi, contre la «dangerosité» de la situation actuelle dans le pays, en termes de “droits et libertés et de fonctionnement des rouages de l’Etat”.
« La situation actuelle est très dangereuse, non seulement en termes de droits et libertés, mais aussi pour le fonctionnement des rouages de l’État », a déploré Wahid Ferchichi, président de cette ONG lors d’une conférence de presse organisée dans la capitale, Tunis, pour présenter le premier rapport sur le suivi de la situation des droits civils et politiques du 25 juillet au 25 août, durant la situation exceptionnelle.
Comme d’autres acteurs de la société civile, le président de l’Association tunisienne de défense des droits individuels considère que « la suspension de toutes les compétences du Parlement et la levée de l’immunité de tous ses députés a été le premier coup porté à la démocratie représentative ».
«Lorsque le Parlement est suspendu, les ordres et les décisions émanent de la présidence de la République uniquement, sans savoir comment elles ont été prises, ce qui est incompatible avec les règles les plus élémentaires de la démocratie», a-t-il dit. Et de poursuivre : «malgré tous les défauts et les inconvénients du Parlement, il n’en reste pas moins un espace de discussion, de débat et de contestations politiques».
Le président de cette ONG n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer les décisions de la présidence. « Assumer la tête du ministère public par le président tunisien Kaïs Saïed est une violation flagrante du principe de l’indépendance de la magistrature et des principes de séparation et d’équilibre des pouvoirs, et du principe du contrôle mutuel de chacun d’entre eux sur les autres », a-t-il lancé. Pour lui, la situation n’est pas prête de s’améliorer, estimant que «l’adoption de l’article 80 pour prolonger indéfiniment les mesures d’exception torpillerait tout espoir d’un retour rapide au fonctionnement normal des rouages de l’Etat et à la légitimité constitutionnelle ou légale».
A l’instar de plusieurs autres ONG, l’association présidée par Ferchichi appelle également le chef de l’Etat à «fixer un délai pour mettre fin à cette situation, dans l’espoir de revenir rapidement au fonctionnement normal des rouages de l’Etat».
Le 25 juillet, Kaïs Saïed avait décidé de geler les travaux du Parlement, de lever l’immunité parlementaire et de limoger le Premier ministre, Hicham Mechichi, assumant ainsi le pouvoir exécutif. Le 23 août dernier, le président tunisien a prolongé ces décisions sine die.
La majorité des partis, dont Ennahdha, ont rejeté les mesures exceptionnelles de Kaïs Saïed, et certains les ont considérées comme un «putsch contre la Constitution».