La fermeture du GME par l’Algérie, une décision aussi “irrationnelle que dangereuse” (média français)

La décision unilatérale de l’Algérie de ne pas reconduire le contrat d’approvisionnement de l’Europe en gaz via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui transite par le Maroc, est « une décision aussi irrationnelle que dangereuse », affirme, jeudi, France Inter.

« C’est vrai que les relations entre les deux pays voisins du Maghreb n’ont cessé de se dégrader ces derniers mois jusqu’à la rupture des relations diplomatiques, fin août, à l’initiative d’Alger. On pensait avoir atteint là une sorte de climax, à partir duquel une désescalade était possible. On avait tort ! La semaine dernière, Alger n’a pas renouvelé le contrat d’un gazoduc transitant par le Maroc mais dont la destination finale est l’Espagne.

Pas question pour Alger qu’au passage, le Maroc puisse continuer à être alimenté par du gaz algérien. En clair, Alger se prive des milliards d’un contrat de livraison de gaz, quitte à se fâcher avec un de ses principaux clients, l’Espagne, au moment où le prix du gaz est au plus haut, et ce juste pour punir le Maroc », décrypte la radio publique française dans son émission «Géopolitique ». « C’est si irrationnel que ça en devient dangereux », assure France Inter.

Expliquant à ses auditeurs les raisons de l’escalade algérienne à l’égard du Maroc, la radio publique française affirme que l’Algérie reproche au Maroc un « coup diplomatique magistral », à savoir la reconnaissance fin 2020 par les Etats Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

« L’Algérie, qui soutient depuis toujours l’autodétermination des Sahraouis, s’est sentie bafouée, isolée et espérait que la nouvelle administration Biden effacerait cette humiliation. Mais il n’en a rien été. Non seulement la Maison-Blanche n’a pas renié la signature de Donald Trump, mais en plus Rabat est devenu l’allié de choix de Washington dans la région », souligne France Inter.

Mais il existe aussi une autre raison, à cette escalade algérienne, « plus profonde, plus dangereuse et très algérienne cette fois », affirme France Inter. « Les millions de manifestants du mouvement Hirak de 2019 (qui) n’ont, au fond, posé qu’une seule et unique question : à quoi servent ces vieillards engalonnés, confis dans le luxe, et qui n’ont pas fait la guerre depuis 60 ans ? ».

Selon le média public français, les militaires algériens « ont compris le danger et veulent à tout prix se re-légitimer aux yeux de leur propre population ». Pour y parvenir « vite » ils n’envisagent qu’une solution: « susciter un ennemi et le provoquer. Le voisin marocain est parfait pour cela ».

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