La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Mme Leila Benali, a indiqué que son département appelle les acteurs privés du secteur des hydrocarbures, et les accompagne pour atteindre une capacité de stockage supplémentaire des carburants avec un investissement de près de 282 millions d’euros (3 milliards de dirhams) d'ici fin 2023.

Lors d’une rencontre avec les représentants de la presse ce vendredi, Mme Benali a tenu à rassurer les Marocains quant au stock de sécurité de carburant. Pour la ministre, le moment n’est pas opportun pour renforcer les réserves des distributeurs.

Selon les dernières données communiquées par le ministère de la Transition énergétique, le stock de sécurité en diesel chez les compagnies de distribution de carburants au Maroc ne dépasse pas les 26 jours, soit 437.000 tonnes.

Quant au stock d’essence, il se situe à 43 jours soit 83.000 tonnes, contre un stock de 34 jours pour le kérosène (36.000 tonnes), de 83 jours (233.000 tonnes) pour le fioul et de 26 jours pour le gaz butane.

Au sujet du besoin d’augmenter les stocks de sécurité des carburants afin de se conformer aux dispositions de la loi qui exige un stock de sécurité équivalent à 60 jours de la moyenne des ventes annuelles des distributeurs, Leila Benali a affirmé, «on ne peut demander à augmenter le stock de sécurité à 60 ou 90 jours alors que le prix du baril dépasse les 100 dollars».

« C’est vrai que la loi exige un stock de 60 jours, mais durant les deux dernières décennies les réserves de carburant au Maroc ont toujours avoisiné les 30 jours en moyenne. Où est-ce qu’on était quand le prix du baril coûtait entre 20 et 50 dollars? On n’arrive pas dans une période de crise mondiale de chaîne d’approvisionnement et on cherche à augmenter les stocks», souligne la ministre.

Et d’ajouter: «Il ne faut pas oublier qu’il y a toujours des fluctuations qui peuvent empêcher le renforcement des stocks. La dernière fluctuation est due aux conditions météorologiques. Quand il pleut et qu’il y a du vent, cela perturbe l’activité au niveau des ports et retarde donc les délais de livraison, ce n’est pas propre au Maroc».

Pour ce qui est de la création prochaine d’un conseil de sécurité énergétique, Mme Benali a dit bataillé au sein de ce gouvernement pour créer un conseil de sécurité énergétique pour réfléchir aux problématiques auxquelles fait face le secteur et pour trouver des solutions optimales et efficaces. « S’il faut revoir la loi et réformer le système, cela doit se faire de manière sage et judicieuse et sans surenchère sur la question de la sécurité énergétique du pays », a-t-elle enchainé.

Ce conseil, a-t-elle révélé, aura pour mission d’assurer le suivi de la situation du secteur énergétique national et de prendre les mesures qui s’imposent face aux crises. Il aura aussi pour vocation de déterminer les matières susceptibles d’entrer dans la composition du stock stratégique ainsi que les mesures à prendre pour garantir la souveraineté énergétique nationale.

La ministre a aussi fait savoir que son département se penche sur l’élaboration de mécanismes pour renforcer la résilience face aux crises sur la scène mondiale, en s’appuyant sur les expériences et recommandations d’organismes internationaux.

Dans le souci d’enrayer de telles fluctuations à l’avenir selon une approche proactive, le ministère envisage de mettre en place un plan global de réforme englobant l’économie et le soutien social avec des objectifs clairs sur le long terme.

Dans la même veine, le ministère veillera à soutenir les catégories dans le besoin mais aussi les activités économiques en situation de vulnérabilité, a-t-elle poursuivi, affirmant qu’il sera en outre question de consolider le rôle des institutions compétentes en matière de promotion de la concurrence loyale dans le secteur de la transition énergétique.

Dans ce sillage, elle a rappelé que le gouvernement a poursuivi son engagement à subventionner le gaz butane, sachant que le taux des crédits alloués à ce titre dans le cadre de la Caisse de compensation s’est inscrit en hausse de 27,6 % par rapport à l’an dernier.

Actuellement, la bonbonne de gaz butane de 12 Kg est subventionné à hauteur de 116 DH (prix réel : 156 DH), contre 30 dirhams pour celle de 3 kg (prix réel : 40 DH).

Malgré la hausse des prix du fuel et du charbon, deux matières essentielles dans la production électrique, le prix de celle-ci n’a pas connu de hausse, a fait observer la ministre, précisant que les achats d’énergie et de carburants devraient dépasser les 25 milliards de dirhams (1 euro = 10,61 DH) par rapport à l’année 2021, sur fond d’augmentation des prix sur le marché international.

L’Exécutif a entrepris une diversification de ses ressources énergétiques en ayant recours au gaz naturel, en tant que source énergétique importante, ce qui devra contribuer à diminuer l’effet de ces fluctuations, sans oublier le développement de l’énergie solaire à des fins d’irrigation agricole.

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