Le gouvernement tunisien a présenté mardi un plan de développement pour 2023-2025 qui mise fortement sur les investissements du secteur privé, une nette reprise de la production des phosphates, secteur jadis florissant, et une agriculture plus "verte".
Ce plan “privilégie un nouveau modèle de développement” pour rétablir les équilibres économiques et permettre à l’Etat de combattre la montée de la pauvreté qui touche 20% des 12 millions de Tunisiens, a indiqué devant la presse, le ministre de l’Economie, Samir Saïed.
La Tunisie est en proie à une profonde crise politique et financière qui s’est traduite ces derniers mois par des pénuries de certains produits de base et un recul du pouvoir d’achat du fait d’une inflation galopante (près de 10% en décembre sur un an). Très endetté, le pays, dont les caisses sont vides, attend le feu vert définitif du Fonds monétaire international à un nouveau prêt d’environ 2 milliards de dollars, qui devrait débloquer d’autres aides étrangères.
Dans sa nouvelle stratégie 2023-2025, le gouvernement se veut “réaliste et prudent”, a indiqué M. Saïed, qui a prévu par exemple une baisse plutôt lente du taux de chômage à 14% en 2025 contre un peu plus de 15% en 2022. Le programme, dont les différents chapitres ont été présentés par chacun des ministres du gouvernement de Mme Najla Bouden, table sur une croissance modeste de 2,1% en 2023 (après 1,8% en 2022). Il fait le pari d’une augmentation des investissements du secteur privé, “une locomotive de la croissance” en Tunisie, en espérant qu’ils monteront à près de 60% de l’investissement global d’ici trois ans, ce qui nécessite, selon M. Saïed, une “amélioration du climat des affaires”.
Une bonne partie des investissements seront canalisés vers le secteur industriel, dont le poids dans l’économie doit passer de 15% du PIB en 2022 à 18% en 2025, avec une hausse prévue des exportations de 12 à 18 milliards de dollars annuels, a indiqué la ministre de l’Industrie Neila Gonji. Le plan de développement prévoit également un accroissement de la production de phosphates, l’une des rares ressources naturelles du pays. Elle devrait passer de 3,7 millions de tonnes (Mt) annuelles actuellement à 5,6 Mt en 2023 avant un doublement à 12 Mt en 2025. La production de phosphates s’est effondrée ces 10 dernières années en raison de troubles sociaux et de la corruption.
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