« À l’issue de six mois de travaux intenses, cette Commission parlementaire a recueilli des preuves qui montrent que le gouvernement fédéral (…) a agi avec lenteur dans le combat contre la pandémie de Covid-19, exposant délibérément la population à un risque réel d’infection de masse », indique un rapport des sénateurs brésiliens.
La CPI a enquêté sur les responsabilités du gouvernement dans la grave pénurie d’oxygène qui a causé la mort de dizaines de patients par asphyxie à Manaus (nord), le discours anticonfinement de Jair Bolsonaro et son déni face à la gravité du Covid, une « grippette ». Le gouvernement est aussi épinglé pour des retards et des soupçons de corruption dans l’acquisition de vaccins.
La Commission s’est également penchée sur les relations entre Brasilia et des mutuelles de santé privées accusées de promouvoir le « traitement précoce », avec notamment de l’hydroxychloroquine, dont l’inefficacité a été prouvée scientifiquement. L’une d’elles, Prevent Senior, est soupçonnée d’avoir mené à l’insu de ses patients des expériences avec ce type de traitements, et d’avoir fait pression sur ses médecins pour les prescrire à des « cobayes humains ».
Qualifiée par Bolsonaro de « mascarade », la Commission a été le théâtre d’auditions mouvementées, avec des témoignages émouvants et des révélations glaçantes sur des expériences sur des « cobayes humains » avec des remèdes inefficaces. Pour les sénateurs, les crimes cités dans le rapport sont « intentionnels », le gouvernement Bolsonaro ayant délibérément décidé de ne pas prendre les mesures nécessaires pour contenir la circulation du virus.
Des accusations gravissimes, qui devraient néanmoins avoir une portée surtout symbolique pour l’heure, le président d’extrême droite bénéficiant de soutiens au Parlement à même de lui éviter l’ouverture d’une procédure de destitution. De même, le procureur général Augusto Aras, un allié de Jair Bolsonaro, peut faire barrage à toute inculpation.
La CPI a également demandé l’inculpation de quatre ministres et deux ex-ministres. Les trois fils aînés du président ont aussi été ciblés, pour « incitation au crime » par le biais de diffusion de fausses informations. « Ce rapport est un instrument de vengeance contre Bolsonaro et sa famille, c’est évident, que ni mes frères, ni moi, et encore moins le président, n’avons commis le moindre crime », a déclaré le sénateur Flavio Bolsonaro, aîné de la fratrie, peu avant la présentation du texte.