Toutes les parties au conflit dans la région éthiopienne du Tigré poursuivent leurs exactions, a dénoncé vendredi la Cheffe adjointe des droits de l’homme de l’ONU, relevant qu’avec les arrestations massives et la poursuite du conflit, l’Éthiopie risquerait “de sombrer dans un climat de violence généralisée aux conséquences majeures pour la région”.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme estime que 5.000 à 7.000 personnes sont détenues, en vertu de l’état d’urgence et de ses « dispositions excessivement larges », décrété par le gouvernement éthiopien le 2 novembre dernier.

« Si certaines des personnes arrêtées au cours des six dernières semaines ont été libérées, nous estimons qu’entre 5.000 et 7.000 personnes sont toujours détenues, dont 9 membres du personnel de l’ONU », a déclaré Nada al-Nashif, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, en précisant que la plupart des personnes arrêtées appartiennent à l’ethnie tigréenne.

D’une manière générale, ces arrestations se sont poursuivies ces derniers jours. En début de semaine, le HCDH a d’ailleurs reçu des informations faisant état de la détention de quelque 83 personnes, dont quatre femmes, dans la zone de Guji, dans la région d’Oromia, dans le cadre de l’état d’urgence.

 « La semaine dernière, les 8 et 9 décembre, environ 1.500 personnes d’ethnie Tigré et Gumuz auraient été détenues à Asosa, dans la région de Benishangul-Gumuz, également dans le cadre de l’état d’urgence », a souligné Nada Al-Nashif lors d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme.

Depuis le début du conflit en novembre 2020, les organismes de défense des droits de l’homme font état de plusieurs milliers de morts. Selon l’ONU, la guerre a conduit à plus de deux millions de déplacés et plongé au moins 400.000 personnes dans le Tigré, dans des conditions proches de la famine.  L’insécurité alimentaire aiguë touche désormais près de 10 millions de personnes dans le nord de l’Éthiopie. Dans le Tigré, plus de 5 millions de personnes, soit environ 90 % de la population, sont dans le besoin.

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