L'opposition béninoise fait son retour au Parlement en remportant 28 sièges sur 109 aux législatives, une première sous le président Patrice Talon après quatre ans d'absence, selon les résultats provisoires donnés mercredi par la Commission électorale nationale autonome (Cena).
D’après la Cena, le principal parti d’opposition Les Démocrates a remporté 28 sièges tandis que l’Union progressiste pour le renouveau (UP-R) et le Bloc républicain (BR), partis de la mouvance présidentielle, ont respectivement obtenu 53 et 28 sièges.
Les résultats définitifs des législatives organisées dimanche sont attendus vendredi. Ces élections faisaient office de test clé pour le petit pays d’Afrique de l’Ouest, jadis perçu comme un modèle de démocratie, où le président Talon a favorisé le développement économique, selon ses partisans, mais au prix d’un recul démocratique, selon l’opposition.
Les principales figures de l’opposition sont aujourd’hui soit derrière les barreaux, soit en exil. Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record et une coupure totale de l’internet, des faits rarissimes au Bénin. L’opposition n’avait pas pu participer aux élections en raison d’un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon.
Cette fois, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l’opposition, ont été autorisés à participer. En accord avec le système proportionnel, seuls l’UP-R, le BR et Les Démocrates se partagent les sièges, ayant chacun recueilli plus de 10% des suffrages. Au terme d’une campagne pacifiée, quelque 6,6 millions d’électeurs étaient appelés à désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes – au moins une par circonscription – selon le nouveau Code électoral. Outre le nombre final de femmes élues députées, l’abstention sera également une donnée importante; elle avait dépassé les 70% en 2019, un record.
Élu en 2016, réélu en 2021, le richissime homme d’affaires Patrice Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d’engager son pays dans la voie du développement. Mais cette modernisation s’est aussi accompagnée d’un important recul démocratique, selon l’opposition. Deux des principaux adversaires de M. Talon – le constitutionnaliste Joël Aïvo et l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou – sont toujours emprisonnés, condamnés à de lourdes peines.
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